Voici quelques idées et quelques documents. La page n'est pas totalement rédigée, le plan suggère des pistes de réflexion.
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Nuit et Brouillard, le film d'Alain ResnaisDans Nuit et
Brouillard, Alain Resnais utilise le croisement entre les
images
en couleurs tournées en 1955 et les images d'archives en
noir et
blanc ; le commentaire sobre écrit par Jean Cayrol, ancien
déporté politique, et lu par Michel Bouquet,
plonge le
spectateur dans l'horreur des camps de concentration.
Réalisé dix ans après la fin de la
guerre, Nuit et
Brouillard reste tributaire
de la perception que l'on pouvait avoir du
phénomène dans
les années 50. |
Nuit et BrouillardParoles et musique
Jean Ferrat,
1963
1. Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers Nus et maigres tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent. Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre Ils ne devaient jamais plus revoir un été. 2. La fuite monotone et sans hâte du temps Survivre encore un jour, une heure obstinément Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou D'autres ne priaient pas mais qu'importe le ciel Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux. |
3. Ils n'arrivaient
pas tous à la fin du voyage Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux ? Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge Les veines de leurs bras soient devenues si bleues Les Allemands guettaient du haut des miradors La lune se taisait comme vous vous taisiez En regardant au loin, en regardant dehors Votre chair était tendre à leurs chiens policiers. 4. On me dit à présent, que ces mots n'ont plus cours Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter L'ombre s'est faite humaine aujourd'hui c'est l'été Je twisterais les mots s'il fallait les twister (1) Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez. Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers Nus et maigres tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent. Note : (1) twist, danse populaire des années 60 |
CommentaireC'est une chanson courageuse que celle de Jean Ferrat. En pleine période de naissance du rock yé-yé (allusion au "twist" à la fin du texte), faire une chanson sur la déportation n'avait rien d'évident. La maison de disque était d'ailleurs réticente, raconte le chanteur.Jean Ferrat, dont le nom véritable est Tenenbaum, est personnellement impliqué dans la question de la déportation : le père de Jean Ferrat, un joaillier juif de Versailles, a été déporté et est mort à Auschwitz. A l'âge de 12 ans, en 1942, Jean Tenenbaum a porté l'étoile jaune. Pourtant, la volonté de l'auteur est de fondre les différentes catégories de déportés : peu importe en effet la religion, peu importe qu'il s'agisse de Jean-Pierre (prénom français), de Natacha (prénom russe) ou de Samuel (prénom juif), la caractéristique commune de tous les déportés est la volonté de résistance : "Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux". La question des chambres à gaz ne sera pas posée : ces déportés vont vivre dans un camp certes atroce gardé par des Allemands "du haut des miradors", avec leurs "chiens policiers". Des camps dont on peut revenir. L'expression "Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage"est un euphémisme. En faisant de l'évocation des "wagons plombés" le coeur du refrain, Jean Ferrat montre bien qu'il se situe dans une démarche de description de la déportation et pas des camps d'extermination. Pour nous, aujourd'hui, ces wagons plombés évoquent plutôt l'entassement des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards promis à la chambre à gaz. Ce n'est pas le sens du texte de Ferrat. Il y a une dimension politique à ce choix : Jean Ferrat est depuis l'après-guerre un "compagnon de route" du Parti Communiste Français. Le sens de la déportation est pour lui inscrit dans la Résistance, en particulier celle du "parti des 100.000 fusilllés". |
Le film Le
Chagrin et la Pitié a lui
aussi, malgré la censure dont il a fait l'objet,
contribué à dépasser le
résistancialisme.
Achevé en 1969, ce film
germano-suisse
réalisé par Marcel
OPHULS
en collaboration avec André
HARRIS et
Alain de SEDOUY, anciens
journalistes à l'ORTF, est une chronique de la vie
quotidienne
à Clermont-Ferrand sous l'Occupation qui oppose à
l'image
d'une résistance de masse unanime, l'image d'une France
majoritairement lâche et égoïste.
Diffusé
dès sa sortie en
Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis, Le
Chagrin et la Pitié n'a
été projeté en France qu'à
partir de 1971,
dans une petite salle du Quartier latin, le Studio
Saint-Séverin, et au Paramount-Elysées. En 1976,
il a
été admis dans le circuit commercial restreint
des salles
" Art et Essai " et n'a été
programmé
à la télévision sur FR3 qu'en 1981 ( 1 ).
En novembre 1971, le
président POMPIDOU
qui
n'avait pas participé à la Résistance,
accorda sa
grâce à l'ancien chef de la Milice de Lyon, Paul TOUVIER,
grâce
révélée seulement en juin 1972 par
l'hebdomadaire L'Express.
En fuite et recherché depuis
la
Libération, Paul Touvier avait été
protégé, hébergé,
caché dès
cette époque par des ecclésiastiques.
Condamné
deux fois à mort par contumace au lendemain de la guerre par
la
Cour de Justice de Lyon et celle de Chambéry, il avait
été arrêté en juillet 1947,
mais
était parvenu grâce à des
complicités
à s'évader.
En 1973, est paru aux
Éditions du Seuil
la traduction française du livre de l'historien
américain
Robert PAXTON
sous le titre La
France de Vichy 1940-1944
, qui constitue le premier ouvrage de référence
sur
l'histoire de Vichy ( 2 ).
Robert Paxton s'appuie sur des archives
allemandes
saisies à la fin de la guerre par les autorités
américaines et prend en compte les travaux de l'historien
allemand Eberhard JACKEL
sur la
politique hitlérienne à l'égard de la
France
vaincue, publiés en 1966 en Allemagne et traduits chez
Fayard en
1968 sous le titre La
France dans l'Europe
de Hitler
( 3 ).
Paxton montre que le régime
de Vichy n'a
cessé de rechercher la collaboration d'État avec
l'Allemagne hitlérienne, collaboration dont Hitler se
défiait, sans pratiquer le moindre double jeu et sans
faciliter
la tâche des Alliés.
Il explique que la collaboration et la
Révolution nationale sont les deux volets
inséparables
d'une même politique qui s'inscrit dans la logique de
l'acceptation de l'armistice de juin 1940.
Mais il va plus loin et souligne aussi
la
spécificité de Vichy et les
responsabilités
propres de ce régime, sans pour autant le
considérer
comme une parenthèse dans notre histoire nationale, mais au
contraire en mettant le doigt sur tout ce qui constitue à
ses
yeux une continuité.
Enfin, comparant la France des
années
d'occupation aux autres pays occupés d'Europe occidentale,
il
dresse un bilan globalement négatif du régime de
Vichy.
Au début des années 1980, un professeur de littérature, Robert Faurisson, prenait publiquement la parole dans Le Monde pour contester avec « arguments à l’appui » l’existence des chambres à gaz durant la seconde guerre mondiale. Ces propos ont mis en lumière tout un courant, se prétendant historiographique, qui était pourtant sous-jacent depuis la fin de la guerre. Ces historiens se désignaient comme révisionnistes. L’originalité de ce livre repose sur le fait que Pierre Vidal-Naquet ne se place jamais sur le terrain de l’affectivité mais de la rigueur historique. En effet, il s’attache, tout d’abord, à identifier et décrire précisément l’objet de la négation, c’est-à-dire les chambres à gaz, puis analyse les diverses caractéristiques qui entrent dans les discours des négationnistes. Ainsi, en brillant historien, il fait preuve d’une démarche radicalement critique (impliquant une lecture minutieuse des textes négationnistes) qui réduit à néant les arguments de Robert Faurisson. Sa démonstration contribuera à délégitimer une « petite bande abjecte » qui prétendait incarner une école historique. Pierre Vidal-Naquet,
Les
Assassins de la mémoire, Seuil/Points
essais, 1995
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Une dépêche de l'Agence France-Presse, mercredi 02 août 2006 Les rescapés tziganes d'Auschwitz réclament un monumentVarsovie S'exprimant à l'occasion d'une cérémonie du 62e anniversaire de la liquidation par les Allemands du «camp tzigane» à Birkenau, Mme Baecker a déploré que «le gouvernement de la République Fédérale d'Allemagne n'ait même pas commencé les travaux» pour ériger un tel monument. «C'est un scandale que le gouvernement fédéral trouve toujours de nouveaux prétextes pour retarder la construction du monument. J'ai 75 ans et je voudrais participer personnellement à son inauguration à Berlin», a déclaré Mme Baecker citée par l'agence polonaise PAP. |
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