"Nous faisons un exposé sur Anne FRANK, en allemand, et nous souhaiterions des renseignements sur le camp de Bergen-Belsen.
Nous vous serions reconnaissantes de nous apporter quelque réponses.
MERCI d'avance."
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A : prisonniers
politiques et de
droit commun B : camp "Schneebaum" C : Baraque de couture D : camp hongrois E : Camp de l'"étoile jaune" ("Sternlager") F : camp des déportés venant d'Auschwitz G : Baraque de la cordonnerie H : Baraque de l'habillement I : camp des tentes K : cuisines L : dépôt d'alimentation M : four crématoire |
N : Bain S.S. O : commandant S.S. P : cantine S.S. Q : cuisine S.S. R : garage S : sentinelles S.S. T : garde S.S. U : camp militaire V : prisonniers de guerre russes W : prison (cellules) |
Ecrire au camp ?
« Au camp, j'avais réussi à me procurer
un rouleau
de papier toilettes. Puis j'avais échangé quelque
chose
que je possédais contre un crayon. J'ai commencé
à
écrire, je notais tout ce qui m'arrivait, mes
désirs, mes
peurs, des conversations que j'avais entendues, des choses que disaient
les gens. Jusqu'au moment où ce rouleau de papier toilettes
a
été trouvé par les soldats lors d'une
fouille. Je
me souviens que je revenais de l'Appell (appel) quand j'ai vu un soldat
avec le papier toilettes, en train de le dérouler et de le
lire
à un autre - en riant, l'air de trouver ça
très
amusant. Je me suis subitement ruée sur lui pour lui
arracher.
Il l'a écarté en disant : « Non ! C'est
trop bien
pour toi. » II l'a emmené avec lui. J'entendais la
conversation. J'entendais ce qu'ils étaient en train de
commenter. Je me souviens d'une des choses qu'il a dites à
l'autre : « Elle a de l'humour ! » Pourtant, je ne
me
souvenais pas d'avoir écrit quelque chose de drôle
là-dedans. Je me souviens d'avoir
éprouvé,
m'être dit : « Vous avez peut-être pris
mon rouleau
de papier, mais vous ne m'empêcherez pas d'écrire.
»
J'ai fait le serment de consacrer le reste de ma vie à
écrire. »
Renée H,
in Témoigner,
paroles de la Shoah,
Flammarion, 2000
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De quoi mourrait-on à Bergen-Belsen ?
« L'épuisement
était la
cause prépondérante des
décès.
C'était un état complexe
déterminé par des
facteurs alimentaires dont le principal était naturellement
l'insuffisance globale de la ration quotidienne. Elle avait pour
résultat un
amaigrissement
extrême, surtout tragique chez ceux qui avaient
possédé un certain embonpoint. À
l'insuffisance
s'ajoutait le déséquilibre. L'excès
relatif
d'amidon météorisait les ventres et
entraînait une
incoercible diarrhée
;
la restriction en protéines créait les oedèmes,
l'absence de fer
anémiait les épidémies. Les avitaminoses
ulcéraient les
gencives et entraînaient des troubles de la marche... Les
guérisons étaient impossibles, parce que l'hygiène
du camp
était volontairement horrifiante : les hommes restaient
cinq,
six mois sans changer leur misérable chemise, leur unique
caleçon, sans être conduits aux douches, sans
aller, dans
certains Blocks, aux lavabos dont on leur interdisait
l'accès ;
les paillasses, imprégnées des
déjections des
mourants, n'étaient jamais remplacées ; les
couvertures
que l'on se repassait, minces loques effilochées,
étaient
couvertes de crachats desséchés; le parquet des
baraques
était noir de vermine; les détenus restaient
quinze
heures consécutives dans une salle aussi
hermétiquement
fermée qu'un tombeau, où se mêlaient
les miasmes,
tous les germes, car, malgré les efforts
des
médecins, les tuberculeux
couchaient avec les érysipèles,
les dysentériques
avec
les pneumoniques,
les scarlatineux
avec les blessés.
Les guérisons
étaient impossibles parce que les médicaments
étaient donnés au compte-gouttes et
n'étaient que
des médicaments anodins... Les guérisons
étaient
impossibles parce que les gens de maîtrise ne laissaient
passer
aucun prétexte pour frapper ou glacer les malades ; parce
que
entre les détenus mêmes, les plus faibles
subissaient les
brutalités des plus forts, comme chez les bêtes...
De
même que dans tous tes camps, on mourait à Belsen
de mort violente,
d'épuisement,
ou de maladie.
Les morts violentes
étaient moins nombreuses que dans les grands camps ; les
pendaisons massives, les chambres à gaz y étaient
inconnues. Les barbelés n'étaient pas
électrifiés. Les fusillades collectives ne se
produisirent que dans les jours qui
précédèrent la
délivrance. Il restait les meurtres individuels, officiels
ou
non, les piqûres et les suicides.
Ces derniers étaient nombreux et procédaient par
vagues
épidémiques. On choisissait toujours la pendaison
qui
était à la portée de tous : une
ceinture, une
poutre, un
escabeau. » Témoignage
du docteur
Frejafon, Bergen-Belsen
bagne
sanatorium, Paris, Librairie Valois, 1947
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Des cadavres partout
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Comment est morte Anne Frank à Bergen-Belsen
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Témognage de Renée H. sur la Libération du campUne des
choses les plus
tristes de ma vie, c'est que je n'ai aucun souvenir de ma
libération, j'avais le typhus. Je n'ai aucun souvenir de
l'arrivée des Anglais à Bergen-Belsen, aucun
souvenir de
ce que les gens m'ont raconté par la suite, de l'explosion
de
joie, de mon transfert à l'hôpital de campagne,
à
l'extérieur - là où les Allemands
avaient leur
cantonnement. Le Dr Collis, qui a participé à la
libération, m'a raconté plus tard que
j'étais
passée très près de la mort. Si
j'avais dû
attendre les Anglais deux jours de plus, je n'aurais pas
survécu.
Renée H,
in Témoigner,
paroles de la Shoah,
Flammarion, 2000.
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![]() Les cadavres
photographiés par des
soldats américains
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![]() Fosse commune dans laquelle les
Américains enterrèrent les dernières
victimes du
camp
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