Aron Natanson, mon grand-père, est né en Roumanie le 1er février 1886, à Ploiesti, petite ville industrielle située au Nord de Bucarest.
Il fait des études universitaires à Berlin et passe un doctorat de philosophie en rédigeant une thèse sur Spinoza.
Inscription à l'Université de Berlin d'Aron Natanson, 1906-1907
Extraits du Répertoire officiel du personnel et des étudiants de l'Académie royale Friedrich-Wilhelm de Berlin..
Aron Natanson, dont le nom est encore orthographié avec un H, est inscrit en 1906 à l'Académie royale Friedrich-Wilhelm de Berlin. Il termine ses études en 1910.
Tout au long de ses années d'études, il loge 84 Augustrasse à Berlin.
84 Auguststrasse, maison photographiée en 2010.
Inscription à l'Université de Berlin d'Aron Natanson, été 1907
Inscription à l'Université de Berlin d'Aron Natanson, 1909-1910
Il écrit par la suite un "dictionnaire philosophique" mais ces deux livres, manuscrits non édités, ont disparu dans le pillage de l'appartement parisien, au moment de l'arrestation d'Aron.
Aron
Natanson, jeune
En 1922, il épouse, à Bucarest, Fanny Neidmann.
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Aron Natanson et sa femme, Fanny Neidmann (ma grand-mère), à Paris, à la fin des années vingt. |
Il quitte la Roumanie en 1923, accompagné de son frère Albert, et vient s'installer en France. Le climat d'antisémitisme régnant en Roumanie est pour beaucoup dans cette décision. Les Natanson étaient déjà liés à la France puisque son frère Albert Natanson était le correspondant de Hachette en Roumanie.
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Il devient libraire à Paris, au 19 de la rue Gay-Lussac, dans le quartier latin. Il vend des livres rares et des éditions universitaires, parfois à la commande. Il est le spécialiste des livres de philosophie et en particulier des religions comparées comme en témoigne J. Filliozat, membre de l'Institut, professeur au Collège de France :
Le témoignage de M. Paul Hartmann confirme la nature de la librairie:
Très érudit en matière de religion et connaissant l'hébreu, Aron Natanson ne pratique cependant pas la religion juive. Il n'est pas athée mais quelque chose comme syncrétiste. Il ne fait ainsi aucun obstacle à l'entrée de son fils Jacques chez les scouts catholiques, vers 1935. |
![]() La famille habite un appartement de trois pièces, au 4ème étage du 9 de la rue des Feuillantines (2), à deux pas de la librairie (1) et Aron envoie son fils au Lycée Montaigne (3). En plus de l'appartement, Aron Natanson loue un petit local d'une pièce avec fenêtre sur rue, au rez-de-chaussée. c'est là qu'il entrepose des livres quand il n'a plus le local de la Librairie et durant le début de la guerre. |
Une étude récente menée par un universitaire allemand, Michael G. Esch qui porte sur les immigrés de l'Est européen entre 1880 et 1940, évoque la librairie d'Aron Natanson et sa famille. Cette étude a paru sous le titre "Parallele Gesellschaften und soziale Räume: Osteuropäische Einwanderer in Paris 1880-1940" (Campus Historische Studien), (Sociétés parallèles et espaces sociaux : les immigrés de l'Est à Paris 1880-1940) en mai 2012
Michael G. Esch
Extrait de l'ouvrage de Michael Esch.
Il est surprenant qu’il n’y ait eu que trois libraires immigrés dans le quartier : le hongrois Marx ou Max Schulhoff au 85 de la rue Denfert-Rochereau (entre 1900 et 1904), Antoine Boleslas Klimovitch (probablement polonais) au 70 de la rue Claude Bernard (autour de 1908) et le roumain Aron Natanson au 19 de la rue Gay Lussac (entre 1926 et 1935). Comme Speiser à St-Gervais Schulhoff ne faisait pas seulement commerce de livres. En juin 1904 30 montres lui furent volées dans son magasin lors d’une effraction et il indiqua avoir été victime d’une effraction semblable quatre ans plus tôt. Pour ce qui est de Natanson, on peut constater qu’il ne s’adressait pas à un public d’immigrés mais à un public plus large d’universitaires. En 1926 il est fait état d’un conflit avec un éditeur français à propos de livraison de livres. En 1935 il est question d’un livre manquant lors d’une livraison au médecin Mohamed Bensari. Il semble qu’il ait vécu dans un certain isolement. Lorsque sa femme Fanny fut internée en 1935 pour « aliénation mentale »*, les voisins du couple ne purent donner aucune information sur elle.
* (en français dans le texte, N.d.T.)
Fanny Neidmann, sa femme, malade doit quitter la France. Elle rentre en Roumanie dans sa famille. Elle y meurt en 1939 de tuberculose.
En juin 1940, Aron Natanson invite son fils, Jacques (mon père) à quitter Paris et à se réfugier à Brive, puis à Toulouse. Miryam, elle, rentrera à Paris. Elle se cachera dans des internats catholiques de province, pendant l'année scolaire.
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![]() Aron Natanson dans sa librairie, avant la guerre |
Dès 1940, la propagande antisémite se développe à Paris. Le nom de "Natanson" apparaît aisni dans une exposition qui vise à faire haïr les Juifs, présentés comme "les maîtres du monde. Il s'agit de l'exposition "Les Juifs ey la France", à Paris, en 1941. Bien sûr, ce Natanson n'a rien à voir avec Aron Natanson, mais la haine est là, autour de ce nom.
«
Les "créateurs" juifs imposaient des Juifs dans les films
français au détriment des acteurs et des techniciens français. » |
En janvier ou février 1942, Aron est arrêté une première fois, déféré au Parquet, puis relâché. La police française, qui effectue cette arrestation, lui reproche une «infraction à la loi du 2 juin 1941 », c'est-à-dire à la nouvelle version du Statut des Juifs. Il s'agit sans doute de l'article 4 qui réglemente sévèrement les activités commerciales de Juifs : « Art. 4. – Les juifs ne peuvent exercer une profession libérale, une profession commerciale, industrielle ou artisanale [...], que dans les limites et les conditions qui seront fixées par décrets en conseil d'État. ». Aron continue sans doute d'exercer illégalement la profession de libraire.
Voici le document qui évoque cette arrestation. Il provient des Archives de la Préfecture de Police de Paris :
Aron est donc inculpé de violation du Statut des Juifs. Cette alerte ne le conduit cependant pas à tenter de quitter Paris. L'arrestation et la déportation ne tarderont pas.
Aron Natanson est arrêté par la police française, le 23 septembre 1942, en même temps que 1594 Juifs roumains de la région parisienne. Les Juifs roumains avaient échappé à la rafle du Vél'd'hiv' (16-17 juillet 1942) parce qu'ils étaient ressortissants d'un pays allié de l'Allemagne nazie. Mais le 24 septembre 1942, la Roumanie déclare se désintéresser du sort des Juifs roumains exilés et leur retire la nationalité roumaine. Devenus apatrides, ils peuvent être déportés aisément. C'est la 3ème section des Renseignements Généraux qui effectue cette arrestation (Source : Archives de la Préfecture de Police).
Aron Natanson est arrêté en même temps que sa fille, Miryam, 13 ans.
Le lieu de l'arrestation, au 9 de la rue des Feuillantines, photographié en 2001J'ai retrouvé le témoignage d'un survivant de cette déportation des Juifs roumains, M. Herman Idelovici, qui fut arrêté le lendemain. Son témoignage peut nous aider à comprendre comment a procédé la police française au cours de cette rafle: Le témoignage de M. Paul Hartmann confirme que c'est la police française qui procéda à cette arrestation.
Des témoins ont raconté que l'appartement (9 rue des Feuillantines), après l'arrestation, était sens dessus dessous. Les agents avaient même tiré des coups de feu dans les miroirs, comme s'ils n'avaient pu supporter l'image d'eux-mêmes effectuant cette arrestation d'un paisible libraire et d'une fillette.
Photographie prise, après la guerre, dans un entrepôt contenant des livres pillés en France (CDJC).
Si la police française suit les mêmes instructions que pour notre témoin, Aron et sa fille sont probablement emmenés au commissariat de police de leur quartier:
« Lorsque nous sommes sortis de notre immeuble, je me souviens que nous avons remonté à pied, encadrés par ces deux agents de police, nous avons remonté le boulevard de la Gare, en direction de la place d’Italie, nous sommes passés devant des commerçants et je me souviens bien, nous sommes passés devant la boulangerie, la boulangère était sur le pas de sa porte, elle nous a regardés et nos regards se sont croisés, je ne sais pas, je ne sais pas ce que cette femme a pu penser, ce que d’autres ont pu penser. Nous avons dépassé la rue Nationale, nous sommes arrivés au commissariat de police du passage Ricaut... »Herman Idelovici, Script intégral de son témoignage, Automne 42, CRDP de NiceDu commissariat, les familles raflées sont conduites à Drancy par des autocars de la RATP
:
« Donc, après beaucoup de difficultés, on nous emmène avec les fameux autobus de sinistre mémoire, qu’on appelait les TN 4 avec des plates-formes extérieures, on nous conduit au camp de Drancy qui devenait le grand camp de regroupement en vue des déportations, en direction de l’Est. Dans ce camp de Drancy, nous sommes arrivés vers 12h30 / 13 h, on a commencé par nous dépouiller de tout ce que nous avions sur nous, en fait d’alliances, de bagues, de montres, de menue monnaie dans les poches. C’étaient d’ailleurs [...] des Français, qui nous ont vidés complètement, nous ont dépouillés et puis on nous a fait monter dans un des blocs.» Herman Idelovici, Script intégral de son témoignage, Automne 42, CRDP de NiceAron est donc fouillé à l'entrée du camp et dépouillé de son argent et de tout objet de valeur.
Aron et sa fille restent deux jours au camp de Drancy d'où ils furent déportés par le convoi n°37, le 25 septembre 1942. Ce convoi était en grande partie composé de Juifs roumains (779 sur 1004 partants).
Voici la liste établie par les nazis à Drancy pour constituer leur convoi de déportation. Il s'agit d'un "double" au papier carbone, difficile à lire :
Notre témoin, l'un des rares survivants de ce convoi, a raconté le rassemblement et le départ de ce train. Il le raconte avec ses yeux de jeune de 15 ans :
Le convoi met deux jours pour gagner Auschwitz.
Le 27 septembre 1942, une sélection de 175 hommes pour le travail est faite à Kosel, peu avant d'arriver à Auschwitz. Puis, à l'arrivée à Birkenau, 40 hommes encore qui reçoivent les matricules 66030 à 66069. J'ai longtemps cru qu'en raison de son âge (56 ans), Aron Natanson n'avait pas été sélectionné pour le travail et avait fait partie, avec sa fille Miryam, des 873 personnes conduites dès l'arrivée à la chambre à gaz.
Mais en novembre 1999, une communication avec un historien allemand, Erwin Denzler, qui avait fait une recherche sur un autre déporté du même convoi et qui a lu la version anglaise de ces pages, m'a conduit vers de nouveaux documents, conservés aux Archives du Musée d'Auschwitz. En fait, Aron Natanson a été sélectionné pour le travail puis amené au camp d'Auschwitz I où il est mort quinze jours après.J'ai pu compléter au tout début de 2001 cet itinéraire, grâce au témoignage déjà cité plus haut
: Les 175 hommes sélectionnés à Kosel sont ensuite conduits au petit camp de triage d'Ottmuth, puis une partie d'entre eux furent utilisés dans le camp-usine de Blechhammer. Tous ces camps dépendent d'Auschwitz.
«. Et puis, le 28 en fin de matinée, nous sommes arrivés en Haute Silésie, dans cette gare qu’on appelle Kosel. Et lorsque les wagons se sont arrêtés dans un bruit de ferraille (les wagons s’entrechoquant au moment du freinage, dans un bruit de ferraille), les SS. ont commencé à hurler sur le quai, curieusement, les premières phrases que j’ai entendues en allemand, c’étaient, c’étaient des hurlements, des gueulements, des gueulements . Les wagons ont commencé d’être ouverts à grand fracas et ils ont passé l’inspection, wagon par wagon pour voir s’il y avait des morts, s’il restait encore des vivants. Beaucoup de gens étaient morts, d’autres étaient devenus fous.Passée cette première visite, les hurlements des SS., gueulent devant chaque wagon, en allemand évidemment, que tous les hommes de 18 à 55 ans descendent immédiatement sur le quai. Mon père, comme tous les hommes de sa tranche d’âge descend sur le quai. Mon père a, à l’époque, 43 ans, il descend sur le quai et se met, se regroupe avec les quelques dizaines d’autres, une petite centaine qui s’y trouvait déjà. Quelques minutes se passent, je reste donc dans le wagon, puisque j’avais 15 ans, je reste donc avec ma mère et mes soeurs. Quelques minutes se passent et on entend à nouveau les portes qui claquent, de wagon en wagon. Les SS. referment les portes et les recadenassent. Au moment où ils arrivent devant mon wagon, les yeux du SS. se portent sur moi et il commence à m’apostropher en allemand, en tout cas, je ne savais pas que c’était sur moi mais d’après mon père qui m’avait fait signe de loin, ses yeux se portent sur moi, il commence à m’insulter en allemand de tous les noms que je ne comprenais d’ailleurs pas, voulant dire par là que j’étais en train de resquiller, que j’étais pas descendu, que je n’avais pas obéi à son ordre. [...] Donc, je descends, je, je ne me souviens pas si j’ai, si j’ai pu dire au revoir à ma mère, à mes soeurs, je crois que dans ces moments- là on ne dit rien, je suis donc descendu avec le menu bagage qui me restait encore dans les mains et je rejoins mon père sur le quai. A ce moment- là, les quelques uns que nous étions sur le quai, peut-être une petite centaine, nous regardons le train qui s’ébranle dans un nouveau vacarme de ferraille et puis , je, je me souviens que j’ai regardé à ce soupirail où ma mère se trouvait dans ce wagon. Elle n’a pas pu se hausser à hauteur, elle était pas assez grande pour cela mais, j’ai vu d’autres visages et, et vraiment, je crois que c’était surtout le, un sentiment de crainte, d’inquiétude, d’ignorance. Je commençais d’être plongé dans un monde qui n’était pas le mien mais, qui n’avait rien de logique à mes yeux, qui n’avait rien de ressemblant avec ce qui avait été ma vie pendant les quinze années auparavant..»
Herman Idelovici, Script intégral de son témoignage, Automne 42, CRDP de Nice
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En fait, il est assez probable qu'Aron ne descendit pas du train à Kosel : il avait 56 ans et dépassait donc l'âge des hommes réclamés par les SS. Il connaissait parfaitement l'allemand et n'a donc probablement pas répondu à cet ordre de descendre du train. Cela lui permettait aussi de rester avec sa fille.S'il est bien arrivé dans ces conditions à Auschwitz, il fut sélectionné à l'arrivée au camp de Birkenau :
«Au choc créé par l'atmosphère du camp et par la brutalité des S.S. et des kapos s'ajoute la dépersonnalisation qui accompagne habituellement toute situation d'emprisonnement et qui, à Auschwitz était poussé jusqu'à ses dernières limites : mise à nu, douche glaciale, rasage complet du corps, octroi des vêtements des morts, tatouage du numéro de l'interné(e), etc.» |
Dès la première nuit, les déportés sont réveillés en sursaut par des vociférations en allemand par le kapo et ses "stubedienst" (littéralement : service de chambrée, en pratique, adjoints du kapo) qui utilisent des matraques en caoutchouc : "Los ! Los ! Schnell !" Les hommes abasourdis s'extraient de leur couchette exiguë, se bousculent dans les couloirs étroits de la baraque et, affolés par les cris et les coups, sont entraînés vers l'escalier qui descend à une salle d'eau située au rez-de-chaussée. Aucun ne peut échapper aux coups sur le dos que distribuent le kapo et ses auxiliaires.
Dans la matinée, les déportés descendent dans la cour qui sépare les baraques. Sur chaque baraque est écrit, au dessus de l'entrée : "Quarantäne. Eintritt verboten." Au milieu de la cour est creusé un grand trou carré entouré d'un siège en bois : les "Abort" (WC). Ensuite, il y a de longues heures d'attente. Avec la faim qui commence à se manifester. La cour sert aussi au dressage des détenus : comment saluer les S.S., au cri de "Achtung !", en enlevant son bonnet. Si un officier vous parle vous devez répondre en allemand, avec le grade de l'officier. C'est un problème pour bien des Français. Pas pour Aron qui maîtrise l'allemand. Mais quelle différence avec l'allemand de ses études philosophiques à Berlin... Il est interdit de regarder un S.S. dans les yeux : le regard doit être baissé vers le sol à un mètre à droite : "Augen rechts !" ("Les yeux à droite !"). Il faut savoir décliner son matricule en allemand et en polonais.
Dès cette première journée, commencent les vols entre détenus. Les plus anciens volent ceux qui viennent d'arriver. Certains se font voler leurs chaussures, d'autres leur "Mutzen" (bonnet). On se doute bien qu'Aron ne devait pas être fort à ce jeu-là, pourtant vital.
«Ici, le "haftling" [détenu] est un objet qu'on manipule. Il doit obéir aux ordres comme une machine. Il ne doit exprimer que l'humilité, la conscience de son indignité, de son néant devant l'autorité. Il n'a aucun droit, il ne pense pas, il est inexistant. Le dressage de la quarantaine vise à lui inculquer cette conviction, à briser sa personnalité puisqu'il est devenu interchangeable, à le conditionner aux nouveaux réflexes des marques de respect, à l'acceptation aveugle des ordres les plus arbitraires.
Dès lors, il est prêt à entrer dans le camp lui-même, c'est-à-dire à être mis au travail.»Maurice Cling, Vous qui entrez ici... Un enfant à Auschwitz, Graphein-FNDIRP, 1999Cette dépersonnalisation, Aron l'a sans doute refusée de toute son âme. L'auteur du texte ci-dessus était un jeune de 15 ans qui s'est "adapté" et a survécu. Aron ne le pouvait pas. Il a donc subi cette arrivée au camp : dénudé, rasé, douché, tatoué, revêtu de la tenue rayée ; il a eu le temps de connaître la brutalité des blocks : kapos, coups, dressage..., le temps de comprendre aussi ce qu'était devenue sa fille, et le temps d'en mourir.
Depuis l'été 1942, le typhus s'est répandu dans le camp. Aron affaibli tombe malade et est probablement envoyé au Revier (l'infirmerie du camp). Le Docteur SS Johann-Paul Kremer constate son décès le 11 octobre, à 10 h. 05 du matin. A la fin de décembre 1999, j'ai reçu des Archives d'Auschwitz une copie de l'acte officiel de décès :
Il faut ici dire un mot du médecin SS Johann-Paul Kremer. Il est arrivé au camp d'Auschwitz le 30 août 1942 et y resta presque 3 mois. Au moment de son arrivée le typhus faisait des victimes en grand nombre à Auschwitz. On peut penser que c'est là la véritable cause du décès d'Aron.
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Inscrit d’après la déclaration oraleécrite du médecin Kremer, Docteur en médecine, à Auschwitz, le 11 octobre 1942.
Le médecin SS tenait son journal intime depuis 1940. Il y fait des remarques sur ses activités, décrit très souvent ses repas. Ainsi, le 11 octobre, après avoir constaté le décés d'Aron, il a bien mangé et écrit :
«11 Octobre 1942 : Aujourd'hui, Samedi, il y avait au déjeuner du lièvre rôti (une vraiment grosse cuisse) avec des boulettes et du chou rouge pour 1.25 Reichsmark ». Mais surtout, Johann-Paul Kremer est l'un des S.S. qui a témoigné dans son journal des sélections et de l'extermination dans les chambres à gaz. C'est un témoin direct, authentique. Voici le passage principal (en allemand et avec la traduction française) où Kremer évoque les « actions spéciales » selon le langage codé des camps :
« 2. Schutzimpfung gegen Typhus; danach abends starke allegemeinreaktion (Fieber). Trotzdem in der Nacht noch bei einer Sonderaktion aus Holland (I 600 Personen) zugegen. Schauerliche Szene vor dem letzten Bunker Hössler ! Das war die 10. Sonderaktion » « 2e vaccination préventive contre le typhus; après cela dans la soirée forte réaction générale (fièvre). J'ai malgré cela dans la nuit assisté encore une fois à une action spéciale sur des gens en provenance de Hollande (1 600 personnes). Scènes terrifiantes devant le dernier bunker (Hössler) ! C'était la dixième action spéciale . »La cause du décès d'Aron est donnée dans cet acte.
Je crois qu'il faut voir là l'une des affections causées par le typhus.
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Cause de la mort : Septicémie par phlegmon Voici le texte complet de cet acte de décès :
Nr 35733/1942 Auschwitz, den 21. Oktober 1942Der Kaufmann Aron Natansonmosaisch wohnhaft Paris V, Rue des Feuillantines 9
ist am 11. Oktober 1942 um 10 Uhr 05 Minuten
in Auschwitz, Kazernstrasse verstorben.
Der Verstorbene war geboren am 1. Februar 1886
in Ploiesti, Rumanien
(Standesamt--------------Nr------------------)
Vater: Osias Natanson, wonhhaft in Ploiesti
Mutter: Anna Natanson geborene Rapaport, zuletzt wohnhaft in Ploiesti
Der Verstorbene warnichtVerheiratet mit Fanny Natanson geborene Neidmann
Eingetragen aufmündlicheschriftliche Anzeige des Arztes Doktor der Medizin Kremer in Auschwitz vom 11. Oktober 1942
D Anzeigende
Todesursache: Sepsis bei Phlegmone
Die Übereinstimmung mit dem
Erstbuch wird beblaubigt.
Auschwitz, den 21. 10. 1942Der Standesbeamte
In Vertretung
[illisible]Der Standesbeamte
In Vertratung
QuakernackN°35733/1942 Auschwitz, le 21 octobre 1942Le commerçant Aron Natansonisraélite Demeurant : Paris V, rue des Feuillantines 9
Est décédé le 11 octobre 1942 à 10 h 05 minutes
A Auschwitz, Kazernstrasse (rue de la caserne).
Le défunt était né le 1er février 1886
à Ploiesti (Roumanie)
Etat-civil N°
Père : Osias Natanson, demeurant à Ploiesti
Mère : Anna Natanson née Rapaport, dernier domicile Ploiesti.
Le défunt étaitnonmarié à Fanny Natanson, née Neidmann.
Inscrit d’après la déclarationoraleécrite du médecin Kremer, Docteur en médecine, à Auschwitz, le 11 octobre 1942.
La conformité avec le premier registre est certifiée.
Auschwitz, le 21.10.1942L’employé d’état civil
Son suppléant
(illisible)L’employé d’état civil
Son suppléant
QuakernackCause de la mort : Septicémie par phlegmon
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Miryam Natanson |
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