Hitler, les Arabes et les Noirs

On me pose la question : Que pensait Hitler des Arabes et des Noirs ? Que pensaient les nazis des Asiatiques ?

Les bases idéologiques du racisme nazi contre les Arabes, les Noirs, les Asiatiques


Un extrait d'un texte idéologique du NSDAP (sans date)

"La loi la plus générale et la plus impitoyable, en ce monde, est la lutte pour la vie et son épanouissement la lutte des races pour leur espace vital."
"(...)
Les uns choisissent la voie de la frugalité, de la discipline, de la ténacité, du travail. (...) Ceux-là se caractérisent en général par une fécondité au-dessus de la moyenne, mais évitent autant que possible une lutte ouverte pour assurer à leur descendance un espace vital.
À ces races de « coolies et de fellahs » se rattachent le surnombre de la population du globe, le gros des hommes de couleur d'Asie et d'Afrique, et les populations Est-baltes et asiatiques de la Russie.
Une fraction restreinte, mais puissante, de la population mondiale a choisi le parasitisme. Feignant intelligemment de s'assimiler, elle cherche à s'établir parmi les peuples sédentaires, à priver ceux-ci du fruit de leur travail par des ruses mercantiles et, en minant perfidement leur esprit, à prendre elle-même le pouvoir. L'espèce la plus connue et la plus dangereuse de cette race est la juiverie.
Le troisième groupe, enfin, mène la lutte avec franchise, audace, et conscience de sa supériorité raciale. C'est le groupe des races de Seigneurs et de Guerriers. Elles affrontent la nature pour lui arracher nourriture et trésors du sol, mais elles savent aussi prendre le glaive en main si l'on menace leur liberté ou si d'autres races, notamment des races inférieures, refusent à leur descendance un espace vital insuffisamment exploité. Seules, ces races se sont avérées créatrices sur le plan culturel et capables de former des États. (...) De ces races, la plus grande de toutes est la race allemande."
L'époque contemporaine, 1770-1990 , Lausanne, Edipresse / LEP, 1995


Il est clair que les Noirs, les Arabes, les Asiatiques, les Slaves et les Juifs constituaient, pour Hitler et les nazis, des races inférieures dont le rôle était de servir d'esclaves du Reich ou de périr dans l'extermination des "races inférieures".
Dans le texte ci-dessus, les nazis évoquent avec mépris les races de "coolies et de fellahs".

Explication :
Mais alors, pourquoi est-ce que l'on ne parle pas plus des Arabes dans le nazisme ?
Tout simplement parce qu'à cette époque, il n'y avait pas d'Arabes vivant en Allemagne.

Les troupes nazies et les soldats noirs et arabes

Affiche de propagande nazie
Affiche de propagande nazie des années 1940 : "La faute de la France" est de mettre à la tête de l'armée des Noirs.
Les nazis tournent en dérision la devise républicaine "Liberté, égalité, fraternité".
L'armée française est ainsi représentée par 4 personnages, de gauche à droite :
peut-être un tirailleur marocain, au fond, puis un officier français, puis un Noir, puis un Juif qui ne se bat pas mais est là, derrière, dans l'ombre.
 Pour eux, l'égalité est impossible. Il est même risible de prétendre à une égalité avec des Noirs, représentés comme des sous-hommes.

Les Noirs et les Arabes de l'Armée Française furent très mal traités par les troupes nazies lors de l'invasion de la France en 1940. Les prisonniers africains, gradés et simples soldats, étaient sommairement exécutés par les Allemands.

Jean Moulin torturé :

les Allemands veulent qu'il mette en cause

les troupes noires de l'Armée française

Jean Moulin

Jean Moulin était préfet de l'Eure-et-Loire. En 1940, il ne fuit pas et reste à Chartres pour protéger les populations civiles. Il raconte ce qui lui est arrivé le 15 juin 1940. Il s'est fait arrêter et torturer par les Allemands pour qu'il reconnaisse que des soldats français des troupes coloniales ont commis des actes atroces. Ce texte fait partie du journal de Jean Moulin, "Premier Combat". Ce résistant français, mais également préfet d'Eure-et-Loir, a écrit ce texte au printemps 1941, lors d'une visite clandestine à sa famille.

« Pensez-vous vraiment leur dis-je en refusant de prendre le papier, qu'un Français, et, qui plus est, un haut fonctionnaire français, qui a la mission de représenter son pays devant l'ennemi, puisse accepter de signer une pareille infamie ? »

La réaction est immédiate. Le meneur de jeu nazi se précipite sur moi et, rouge de colère, me menace du poing : « Nous n'accepterons pas, me crie-t-il, que vous vous moquez de l'armée de la Grande Allemagne ! Vous allez signer, m'entendez-vous, vous allez signer ! » Il m'a pris maintenant par le revers de ma vareuse et me secoue furieusement. Je ne me défends pas.

« Ce n'est pas, croyez-moi, répliquai-je, en me brutalisant que vous obtiendrez davantage que je commette une indignité. »

Alors, avec une force peu commune chez un petit bonhomme de cette espèce, il me projette violemment contre la table. Je titube un peu pour rétablir mon équilibre, ce qui déchaîne les rires des trois nazis.

Celui qui était assis tout à l'heure s'est maintenant levé et essaie dans un mauvais français, mais sur un ton plus calme, de me convaincre de l'obligation dans laquelle je suis de signer le « protocole ».

Le nazi. - Nous avons toutes les preuves que ce sont vos soldats qui ont commis ces atrocités.

Moi.- Je veux bien que vous m'indiquiez ces preuves.

Le nazi, prenant la feuille qu'il m'a tendue tout à l'heure. Aux termes du protocole, des effectifs français et notamment des soldats noirs ont emprunté, dans leur retraite, une voie de chemin de fer près de laquelle ont été trouvés, à 12 kilomètres environ de Chartres, les corps mutilés et violés de plusieurs femmes et enfants.

Moi. - Quelles preuves avez-vous que les tirailleurs sénégalais sont passés exactement à l'endroit où vous avez découvert les cadavres ?

Le nazi. - On a retrouvé du matériel abandonné par eux.

Moi. - Je veux bien le croire. Mais en admettant que des troupes noires soient passées par là, comment arrivez-vous à prouver leur culpabilité ?

Le nazi. - Aucun doute à ce sujet. Les victimes ont été examinées par des spécialistes allemands. Les violences qu'elles ont subies offrent toutes les caractéristiques des crimes commis par des nègres.

Malgré l'objet tragique de cette discussion, je ne peux m'empêcher de sourire : « Les caractéristiques des crimes commis par des nègres. » C'est tout ce qu'ils ont trouvé comme preuves ! ...[...]

Le petit officier blond, que j'appelle désormais mon bourreau n°1, fait un geste au soldat qui pointe sa baïonnette sur ma poitrine en criant en allemand : « Debout ! »

Dans un sursaut douloureux, je me redresse. J'ai terriblement mal. Je sens que mes jambes me portent difficilement. Instinctivement, je m'approche d'une chaise pour m'asseoir. Le soldat la retire brutalement et me lance sa crosse sur les pieds. Je ne peux m'empêcher de hurler :

« Quand ces procédés infâmes vont-ils cesser ? » dis-je après avoir repris quelque peu mes esprits.

- Pas avant, déclare mon bourreau n°1, que vous n'ayez signé le « protocole ». Et à nouveau, il me tend le papier. [...]

Ils me traînent maintenant jusqu'à une table où est placé le « protocole ».

Moi. - « Non, je ne signerai pas. Vous savez bien que je ne peux pas apposer ma signature au bas d'un texte qui déshonore l'armée française. »


Jean Moulin, Premier combat, Paris, Les éditions de Minuit, 1983

Massacres dans la région lyonnaise en 1940

 

Chasselay et le château du Plantin. Les massacres du "Vide- Sac". 20 juin.

En fin d’après-midi du mercredi 19 juin, le capitaine Gouzy rassemble les derniers éléments de sa compagnie sur le seul point d'appui qui n’a pas été attaqué dans la journée, le N° 5 installé à Chasselay et sur ses hauteurs sud (château du Plantin). Selon les traditions des Troupes coloniales et à l’exemple de la bataille de Bazeilles, l’officier est bien décidé à résister jusqu’au dernier souffle.

Pendant toute la nuit du 19 au 20, les travaux d’organisation sont activement menés autour du château.

Le jeudi 20 sera la journée la plus tragique des combats de juin 40 en région lyonnaise. Au milieu de la matinée, une reconnaissance allemande partie des Chères est repoussée par la couverture du PA 5 au nord-est de Chasselay. Furieux, les Allemands constatent donc qui leur faut une nouvelle fois monter une véritable opération sur les Tirailleurs sénégalais de Chasselay comme ils l’ont fait la veille avec de lourdes pertes sur Montluzin et Lissieu, alors que Lyon à 20 km au sud est totalement occupé depuis la veille.

Le temps d’acheminer les moyens d’attaque et les appuis d’artillerie, cette opération ne peut être déclenchée avant 13 h 30. Attaquant conjointement depuis les Chères et Montluzin, les fantassins progressent lentement à travers les rues de Chasselay, fouillant toutes les maisons, mais ils ne débouchent sur aucune résistance, le village ayant été évacué pour éviter des représailles à la population. Le combat n’a lieu qu’autour du château, longtemps pilonné par l’artillerie avant l’assaut des fantassins ennemis mené après 15 heures. A 16 heures, submergés, leurs munitions épuisées, les survivants se rendent. Il ne reste plus que le capitaine Gouzy, deux officiers, deux sous-officiers, trois autres Européens et 51 Tirailleurs.

C’est ensuite que la barbarie nazie se déchaîne. Les prisonniers sont regroupés avec une sauvagerie incroyable. S’étant interposé, le capitaine reçoit une balle dans le genou tirée d’un Allemand plus excité que les autres. Il est évacué. Puis la colonne est formée pour prendre à pied la direction des Chères par la D 100, les Africains groupés à l’avant, à l’écart de ce qui reste de leurs camarades européens.

A mi-distance entre Chasselay et les Chères, au lieu dit "Vide-Sac", terrain dégagé en bordure de route, tous les Africains sont hachés à la mitrailleuse et au canon des chars. Les blindés écrasent de leurs chenilles les morts et les agonisants. Selon les témoignages d’habitants, le massacre a duré plusieurs minutes.

Nécropole de Chasselay où sont enterrés 188 tirailleurs sénégalais
Nécropole de Chasselay où sont enterrés 188 tirailleurs sénégalais

Autres lieux de massacres.

Au cours de ces journées, tous les soldats africains découverts par les Allemands sont systématiquement exécutés.

C’est le cas des 27 Tirailleurs qu’ils découvrent dans une colonne de prisonniers, montée de Balmont ; dans le quartier de Vaise, Lyon-nord. Ils sont alignés contre un mur et fusillés immédiatement.

D’autres massacres ont lieu dans de nombreuses communes souvent éloignées des combats, par exemple, à Champagne-au-Mont-d’Or où 12 Tirailleurs sont exécutés, 18 à Lentilly, 13 à Eveux.

Au total, selon J. Marchiani, les Allemands auraient procédé à un minimum de 114 exécutions après combat.

Tiré du site de la FARAC (Fédération des Amicales Régimentaires et d'Anciens Combattants)
http://www.farac.org/php/article.php3?id_article=70



De même, des Américains, soldats ou pilotes de l'aviation furent exécutés sans raisons, parce que noirs : en août 1942 au Stalag II-C près de Brème ; le 5 mai 1944 à Budapest en Hongrie (trois soldats noirs pendus par la Gestapo) ; le 20 février 1944 à Salzbourg en Autriche (deux pilotes américains blessés)...

Des Arabes maltraités par les nazis

Le texte qui suit retrace le sort des soldats arabes de l'Armée française qui furent faits prisonniers par les Allemands en 1940. Il s'agissait de Tirailleurs algériens, marocains ou tunisiens :

LES PRISONNIERS MAROCAINS DE « L’AN 40 »


Au cours de la défaite de juin 1940, le flot de prisonniers de l’armée française atteint 1,8 million d’hommes, parmi lesquels plus de 60 000 combattants d’Afrique du Nord et des colonies, dont le sort va se révéler dramatique.


Aux yeux des Nazis, imprégnés d'idéologie raciale, ces militaires « indigènes » de couleur sont des « sous-hommes », pour lesquels ils n’éprouvent souvent que du mépris voire de la haine. Les 18 000 soldats marocains capturés par l’armée allemande doivent d’autre part assumer leur enrôlement volontaire, source d’hostilité supplémentaire de la part de certains Allemands.


Ainsi, les premiers instants de captivité se révèlent fatals pour quelques dizaines d’entre eux, en dépit des protections prévues par la convention de Genève pour tout prisonnier de guerre. M. Ennergis, tirailleur marocain fait prisonnier à Lille, fin mai 1940, rapportera ce témoignage poignant  : « J’ai vu des Allemands fusiller sur place des Sénégalais. Beaucoup de mes camarades marocains l’ont été aussi parce que les Allemands savaient que nous étions volontaires, contrairement aux Algériens qui étaient des appelés. Je n’ai eu la vie sauve que grâce à mon jeune âge, en faisant croire aux Allemands que les Français avaient voulu enrôler de force mon père et que j’avais pris sa place pour le sauver. »


Le 30 mai 1940, dans la même région, à Febvin-Palfart, 32 soldats marocains sont lâchement assassinés par des soldats SS, dans des conditions obscures. Ces soldats prisonniers semblent avoir été tués alors qu'ils se trouvaient en transit. Exténués par une marche forcée et refusant peut-être d'aller plus loin, « (...) les malheureux durent creuser leur tranchée avant d'être exécutés, puis jetés pêle-mêle dans leur tombe, enchevêtrés les uns dans les autres. Ils furent recouverts par le dernier que les monstres exécutèrent, sa funèbre besogne terminée, et abandonnèrent  sur le terrain face contre terre (...). Ils appartenaient au 254e régiment d'artillerie divisionnaire. 32 corps furent extraits de la tranchée et 15 seulement furent identifiés (...). Tous portaient le coup de grâce avec la nuque fracassée (...) ». C'est ainsi que le maire du village de Febvin-Palfart , rapportera ce drame, en 1971, au cours de l'inauguration d'un monument communal élevé à la mémoire de ces soldats marocains, victimes de la barbarie nazie.


Les marches qui mènent les prisonniers « indigènes » vers les camps de regroupement peuvent ainsi se révéler périlleuses, comme l’illustre aussi le témoignage d’Ousman Aliou Gadio, un tirailleur sénégalais : « On nous a capturé le 20 juin au matin, ils nous ont emmenés à Lyon, on a trouvé là-bas les Français, les Marocains, les Algériens, tout le monde dans un bâtiment, un hangar. On est resté là quatre jours et ils nous ont dirigés sur Dijon, alors on a marché à pied. Ils ont tué 7 marocains avant d’arriver à Dijon. Tous ceux qui ne pouvaient plus marcher, ils tiraient sur lui (…) ».

 


UNE CAPTIVITE EPROUVANTE DANS LES FRONTSTALAGS DE 1940 A 1944


Redoutant les maladies tropicales et la contamination raciale, ne voulant pas ainsi « souiller le sol allemand », les autorités du Reich nazi décident de ne pas transférer ces soldats « indigènes » sur leur territoire comme c’est alors le cas  pour les autres détenus militaires français.


Prisonniers maghrébins, noirs africains ou indochinois sont donc internés en France, dans des camps appelés Frontstalags. Ceux qui ont été envoyés initialement en Allemagne ou en Pologne sont transférés dans ces mêmes camps, où les conditions de détention sont très dures.


En effet, le ravitaillement y est souvent déplorable et les prisonniers y survivent dans un dénuement total, exposés aux mauvais traitements de leur gardiens et à des travaux agricoles ou industriels exténuants. La tuberculose fait des ravages parmi ces hommes, quand ce n’est pas les balles allemandes.


Au Frontstalag n° 231, près de Véluché, dans les Deux-Sèvres, l’un des médecins français qui séjourne au camp racontera : « Des tirailleurs marocains ayant tenté de s’évader s’empêtrèrent dans les barbelés. Surpris par les sentinelles, celle-ci, au lieu de les reprendre et alors qu’ils imploraient grâce, les assassinèrent sans pitié à coups de revolver et de mitraillettes. Le soir, c’est 3 ou 4 cadavres que les médecins français eurent à enlever dans les fils de fer (…) Au cours des obsèques, le rite musulman fut pour leurs gardiens, une occasion de divertissement sadique et de prises de photos. » Lorsque l’armée allemande évacue ce camp, elle laisse enfouis sous les débris des baraquements les corps de 26 combattants marocains morts durant leur détention !


Au début de l’année 1943, les prisonniers « indigènes » de l’armée française connaissent une nouvelle injure à leur statut, puisque l’Allemagne remplace leurs gardiens allemands, réquisitionnés pour combattre les Soviétiques sur le front Est… Par des soldats de l’armée française, elle-même, obéissant au régime de Vichy !


En fonction du bon vouloir des autorités allemandes, la population française offre une aide active et fraternelle à ces malheureux prisonniers en leur apportant des vivres, des soins et un peu de réconfort. Certains facilitent même les évasions des Frontstalags. C’est ainsi que de nombreux soldats d’Afrique du Nord et des colonies, qui se sont évadés, rejoignent les rangs de la résistance française intérieure contre les forces d’occupation allemande. On compte, par exemple, une cinquantaine d’Africains dans le maquis du Vercors.


Leurs frères d’armes restés prisonniers dans les Frontstalags sont libérés pour la plupart en 1944.



M. TOURON (professeur d'Histoire-Géographie). Version en arabe : M. BOURAS (professeur d'Histoire-Géographie). ESSAKALI HOUSSAINI Mamoun (3e 09 SI).

Tiré du site : « Le souvenir des deux guerres mondiales au Maroc » (http://www.lylytech.net/~marocomb/)
et en particulier la page http://www.lylytech.net/~marocomb/articles.php?lng=fr&pg=70

Des Marocains dans le camp de l'île Aurigny

La présence de maghrébins, raflés dans les rues de Marseille et conduits dans le camp de l'île Aurigny (Alderney), dans les ïles anglo-normandes, est attestée. Ils ont été amenés là pour travailler au sein de l'organisation Todt à la fortification des îles qui sont les seuls espaces du territoire britannique qui aient été conquis par les nazis.
Très vite, ces camps de travailleurs, dont certains sont des volontaires, devient, avec l'isolement des îles, un véritable camp de concentration, au régime très dur et à la mortalité forte.

Les ZKZ

 « Ils ont été ramassés comme des chiens pris par la fourrière [...] Parmi eux des Marocains arrêtés sur le Vieux Port à Marseille, d'anciens des Brigades internationales déjà confinés dans les camps de concentration du sud de la France, sont remis à l'occupant, "cédés" parfois comme main d'oeuvre bon marché par d'autres Français peu regardants aux conséquences éventuelles de leurs actes. Sur l'île, au même titre que les bagnards venus de Russie, d'Ukraine, voire même parfois de pays plus lointains encore, ils deviennent des personnes corvéables à merci. Ils sont utilisés aux tâches les plus ingrates [...]
On trouve dans les équipes de bagnards des représentants de toutes les religions, de l'orthodoxe russe au musulman marocain et jusqu'à des prêtres catholiques... Les juifs ne sont pas les seuls croyants pourchassés. [...]
Les anciens déportés du camp de Nordeney [un des camps de l'île] font état d'un contingent de 125 à 130 Marocains arrêtés sur le port de Marseille. Le docteur Jean-Joseph Bloch-Myrtil, âgé de 31 ans environ lors de son internement à Drancy, a été envoyé au camp de Nordeney à Aurigny en 1942. Il témoigne : [...] "J'ai d'abord été employé dans un chantier [puis] j'ai été nommé médecin d'un groupe d'internés qu'on a appelé les ZKZ qui, pour la plupart, avaient été pris dans des rafles du Vieux Port à Marseille  et qui comprenait surtout des Nord-africains... J'ai été leur médecin pendant trois mois... Le premier décès que j'ai constaté d'un Nord-Africain a eu lieu presque immédiatement après son arrivée au camp." [...]
Maître Azoulay, qui sera président de l'Amicale des anciens déportés de l'île d'Aurigny par la suite, insiste sur le cas de Nord-Africains : " Si nous, Israélites, nous avons souffert et beaucoup souffert, il y a une autre catégorie de déportés qui a souffert davantage que nous, ce sont les ZKZ. C'étaient les Nord-Africains qui avaient été ramassés à Marseille. Ces gens, au lendemain de la Libération, sont devenus nous ne savons quoi. Ils ont été dispersés. Ils n'avaient pas de point d'attache, comme nous, à Paris ou dans de grandes villes. Mais si vous aviez pu avoir ici des puisés puisés dans le corps des Nord-Africains, je crois que vous auriez une notion encore plus exacte de ce qui s'est passé au camp d'Aurigny."
Il est vrai que ce témoignage manque encore. Considérés comme des races inférieures, certains baganrds font l'objet d'une répresion accrue. Il ne s'agit même plus de haine mais de sadisme à l'état brut. Ce "cheptel" (car c'en est un pour les tortionnaires) vaut encore moins qu'un animal. »

extrait de Jean-Louis Vigna, Histoire d'un camp nazi, L'île d'Aurigny (Alderney), Editions Alan Sutton, 2002, ISBN 2-84253-790-4.


Noirs et Arabes dans la Résistance et dans la déportation

Comme on l'a vu ci-dessus, il y eût des Arabes et des Noirs dans la Résistance en France et en Belgique. Certains furent arrêtés et déportés. Ou fusillés comme dans le Vercors.



Il y a eu quelques cas de noirs déportés dans les camps :

A droite, Jean Voste, congolais, seul noir déporté dans le camp de Dachau.

A droite, Jean Vosté, congolais, seul noir déporté dans le camp de Dachau.
Photo prise après la libération du camp, en mai 1945.

Jean Vosté vivait en Belgique et s'engagea dans la Résistance. Il réalisa des actions de sabotage des voies de chemin de fer. Il est arrêté en 1942 et va de prison en prison, atterrir à Hartheim (Mauthausen) et finalement à Dachau. Après sa libération, il a vécu en Belgique jusqu'à sa mort en 1993.

On peut aussi évoquer ici les actions de la Mosquée de Paris en faveur des Juifs persécutés par le régime de Vichy.
La note qui suit vient des services de l'Etat français (dictature de Pétain). Ils se plaignent de ce que la mosquée de Paris délivrerrait des papiers de musulmans à des Juifs, pour les sauver.
Note ministérielle portant sur la Mosquée de Paris
Bibliographie :
Serge Bilé, Noirs dans les camps nazis, Editions du rocher / Le Serpent à plume, 2005
Jean-Louis Vigna, Histoire d'un camp nazi, L'île d'Aurigny (Alderney), Editions Alan Sutton, 2002, ISBN 2-84253-790-4.

Voir aussi un roman :
Etoile noire Michelle Maillet, L'étoile noire, préface de Simone Veil, OH ! Editions, 2006
     
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